Testament de Françoise DUMAS femme de Pierre Fouchier

« Au nom du  Père, du Fils et du Saint Esprit, Jésus, je Françoise Dumas, veuve en premières noces de Dauphin Neau, et à présent femme de M. Pierre Fouchier, chirurgien, demeurant au bourg de Verruyes, saine de corps et libre d'esprit par la grâce de Dieu, considérant qu'il n'y a rien de plus certain que la mort ni chose plus incertaine que l'heure d'icelle désirant mon être sans avoir disposé des affaires de mon salut et du peu de biens qu'il a plu à Dieu de me prester dans le monde, j'ai fait et par les présents fait mon testament et de dernière volonté et pour iceluy et rédigé par escrit j'ay mandé et fait venir exprès en la maison où je demeure, appelée Bel Air, située au bourg dudit Verruyes, maître Pierre Chasteau et Jean Baptiste Veau, notaires royaux de la sénéchaussée du Poitou à l'un desquels l'autre présent, j'ay dicté et fait rédiger par escrit mon dit présent testament de mot à mot sans suggestions, induction ni persuasion d’aucunes personnes mais parce qu'ainsy m'a plu et plait en la forme et manière qui suit : Premièrement je recommande à Dieu mon père, créateur du ciel et de la terre le suppliant au nom et pour les mérites infinis de la mort et passion de son fils unique notre sauveur et rédempteur Jésus-Christ précis et intercession de la très sainte et sacrée Vierge Marie et de tous les saints et saintes du Paradis voulloir icelle mon âme séparée de mon corps colloquer en son Saint Paradis au rang des bienheureux et mon corps à la sépulture de la terre que je veux être inhumée dans l'église dudit Verruyes dans la fosse dudit déffunt Neau, mon premier mary, qu'à mon enterrement il y ait trois prêtres et que huitaine après il soit fait un service pour le repos de mon âme par les religieux de la commanderie de la Lande en l'église dudit lieu, lesquels religieux diront ensuite dans leur dite église quarante cinq messes ; un autre service et soixante dix messes par les capucins de la ville de Saint Maixent. Lesquelles dites messes l'office des morts et service je veux être dits et terminés tout incontinent après mon décès arrivé. Je veux aussi qu'il soit dit pour le repos de mon âme dans ladite église de Verruyes  quarante messes aussi de l'office des morts, sera donné aux pauvres à mon dit enterrement le pain de vingt quintaux de bled mesure de Saint Maixent. Item, je veux aussi qu’il soit distribué aux pauvres de la paroisse de Verruyes la somme de dix livres priant mes héritiers de faire faire lesdits services et faire dire lesdites messes et exécuter tout ce que dessus m’en confiant de tout en eux et de faire à mon enterrement telles cérémonies ecclésiastique qu'à personne de ma condition appartient. »

Assez brièvement ensuite Françoise Dumas règle quelques problèmes de dévolution de ses biens, meubles surtout, à ses deux filles issues de son premier mariage.
En terminant, elle invoque Saint François et Sainte Françoise

« mes chers patrons, priez Dieu pour moi et pour les (illisible) et entier accomplissement de celui que j'ai comme dit et dicté et nommé de mon propre mouvement sans suggestion, induction d'aucunes personnes à l'un desdits notaires ci dessus l'autre présent.

« Fait et passé au dit lieu de Verruyes en la maison et demeure de ladite testataire avant midy le vingt trois jour de septembre 1711. Lu et relu et fait entendre le présent testament à la dite dame Dumas testatrice a dit être sa dernière volonté y a persisté et persiste et est soussignée.
Signatures : Françoise Dumas, Pierre Chasteau, Veau"...

C'était au début du 18ème siècle une tradition bien établie de se distinguer du menu peuple inhumé, lui dans un cimetière, et souvent les testaments ajoutaient aux invocations religieuses la précision que le testateur entendait être inhumé dans l'église. C'est ce que, dans son testament Françoise Dumas imposait (décédée plus de 20 ans après son testament, elle était en effet inhumée dans l'église le 26 janvier 1734)

Cette église a été démolie en 1869, mais les plans nous indiquaient qu'elle ne comprenait qu'une seule nef et qu'au total elle mesurait à peu près 20 mètres de longueur pour une largeur de 6 mètres. Il est assez stupéfiant de penser qu'on ait pu sur un quart de siècle  inhumer tant de personnes dans un lieu aussi exigu et comprend qu'en 1766 une déclaration royale, par mesure d'hygiène, ait interdit les inhumations « in ecclésia ».

Extrait du livre de G. Bobin « Naissance de la république aux portes de la Vendée »